En 2024, les prestations sociales accélèrent en France et dans l’UE-27
Les dépenses de prestations sociales (prestations monétaires ou en nature) continuent de croître en 2024, à un rythme plus soutenu que les années précédentes. En France, elles augmentent de 4,8 % en euros courants en 2024 (après +4,1 % en 2023 et +1,5 % en 2022) pour atteindre 932,5 milliards d’euros en 2024, et de 6,9 % à l’échelle de l’UE-27 dans son ensemble (après +6,5 % en 2023 et +2,7 % en 2022).
Les prestations de protection sociale progressent plus vite que l’inflation
L’inflation a été de 2,3 % en France et de 2,6 % en Europe en 2024, plus faible qu’en 2023 (respectivement 5,7% et 6,4 %). Les prestations sociales, qui sont revalorisées dans certains pays dont la France sur la base de l’évolution des prix de l’année précédente, ont progressé davantage que l’inflation en 2024. Les dépenses de prestations sociales ont augmenté plus vite que le PIB en France comme en Europe, et ce, pour la première fois depuis le pic historique atteint en 2020 avec la crise sanitaire. En 2024, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB progresse ainsi de 0,4 point en France et de 0,6 point en Europe. Selon les premières estimations (« early estimates ») par pays, la Finlande serait le premier pays de l’UE-27 pour les dépenses de protection sociale en 2024.
Graphique – Part des prestations de protection sociale dans le PIB en France et en Europe entre 2019 et 2024
Lecture > En 2024, les prestations de protection sociale représentent 31,9 % du PIB en France et 27,3 % du PIB en moyenne dans l’Union européenne à 27.
Sources > Drees, CPS ; Eurostat, Sespros ; Insee, comptes nationaux.
Les dépenses de protection sociale sont tirées par les dépenses de retraite et de santé, qui représentent les quatre cinquièmes des prestations sociales
Les risques vieillesse-survie et santé, qui représentent 80 % de l’ensemble des dépenses de prestations sociales, expliquent l’essentiel de la hausse de la protection sociale en 2024. Le vieillissement de la population qui a lieu partout en Europe participe à ces évolutions et en particulier à la hausse des pensions de retraite, et ce malgré les réformes mises en place dans de nombreux pays. En France, les revalorisations des honoraires des médecins et la hausse des dépenses de médicaments – notamment liée aux traitements innovants – contribuent à la croissance des dépenses de santé.
Les dépenses augmentent pour l’ensemble des risques, à l’exception du risque pauvreté-exclusion sociale, du fait de la suppression des aides anti-inflation
L’année 2024 est marquée par une baisse de l’inflation qui revient à des niveaux plus modérés par rapport aux années précédentes, mais les dépenses des risques vieillesse-survie, emploi, logement et famille continuent d’augmenter dans une majorité de pays, en lien notamment avec des mécanismes d’indexations dont les effets interviennent avec délai. En revanche, les dépenses du risque pauvreté et exclusion-sociale refluent, du fait de la suppression de certains dispositifs exceptionnels qui avaient été mis en place pour aider les ménages les plus modestes à faire face aux hausses de prix – par exemple le chèque énergie exceptionnel en France.
En France, le montant moyen des prestations sociales s’élève à environ 13 650 euros par habitant en 2024
Au total, en France, le montant moyen de prestations sociales représente 13 650 euros par habitant en 2024, soit une augmentation de 2,2 % en euros constants par rapport à 2023. Les prestations du risque vieillesse-survie restent la première composante avec, en moyenne, 6 250 euros par habitant en 2024 (soit 46 % du total). Les prestations de protection sociale y sont en moyenne plus élevées que dans l’UE-27 (12 200 euros en parité de pouvoir d’achat [PPA] par habitant en 2024), mais inférieures à d’autres pays tels que l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark ou encore le Luxembourg où les dépenses par habitant sont les plus élevées d’Europe (24 300 euros PPA).
En 2024, les ressources de la protection sociale continuent de ralentir
En 2024, les ressources de la protection sociale ralentissent en France pour la troisième année consécutive (+3,9 % en 2024 après +4,7 % en 2023 et +5,0 % en 2022). Ce moindre dynamisme s’explique par le net ralentissement des contributions publiques : +1,5 % en 2024 contre +5,7 % en 2023, celles-ci réagissant plus immédiatement aux évolutions de l’inflation, contrairement aux prestations sociales dont les revalorisations interviennent avec un décalage temporel. Dans le même temps, les cotisations sociales (+4,6 % après +4,7 %) et les impôts et taxes affectés (+3,5 % après +3,3 %) conservent un rythme de croissance soutenu.
À propos de l’ouvrage
La Drees analyse les résultats des comptes de la protection sociale moins d‘un an après la fin de l’année présentée dans la publication. Ainsi, cette édition 2025 analyse en détail les évolutions observées entre 2019 et 2024. Des travaux méthodologiques ont été menés pour produire, malgré un calendrier resserré, un ouvrage aussi détaillé que possible avec la même exigence de qualité.
Les comptes de la protection sociale, élaborés par la Drees, constituent l’un des satellites des comptes nationaux de l’Insee, dont ils adoptent la méthodologie. Ils servent également de base à l’élaboration des comptes de la protection sociale présentés dans les instances internationales (Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale [Sespros] d’Eurostat) et permettent ainsi d’établir des comparaisons internationales sur des bases fiables et harmonisées.