Une très forte hausse en 2024 de la part des entrants dans l’allocation de solidarité spécifique (ASS)

Jeux de données

Paru le 12/12/2025

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) met à jour un jeu de données portant sur les trajectoires des bénéficiaires de minima sociaux (entrées, temps passé dans les minima au cours des années précédentes...) ainsi que sur les sorties des minima sociaux d’une année à l’autre. Ces données sur longue période (2007-2024) portent sur les personnes ayant perçu le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), l’allocation aux adultes handicapés (AAH), le revenu minimum d’insertion (RMI) ou l’allocation de parent isolé (API). Cette diffusion repose sur l’Échantillon national interrégimes d’allocataires de compléments de revenus d’activité et de minima sociaux (Eniacrams).

 

40 % d’entrants parmi les bénéficiaires de l’ASS fin 2024

Les allocataires de l’ASS ont le taux d’entrée le plus élevé : 40 % de ceux âgés de 16 à 64 ans fin 2024 ne la percevaient pas fin 2023. Ce taux est en très forte hausse en 2024 : il était de 30 % pour les entrées entre fin 2021 et fin 2022, puis de 32 % entre fin 2022 et fin 2023. Cette nette augmentation s’explique notamment par la hausse du nombre des arrivées en fin de droit des allocataires de l’assurance chômage depuis mi-2023, dans un contexte de ralentissement du marché du travail et d’entrée en vigueur au 1er février 2023 de la modulation de la durée d’indemnisation en fonction de la situation sur le marché du travail1.
Parmi les 35-64 ans2 allocataires de l’ASS fin 2024, 36 % ne la percevaient pas fin 2023 et, surtout, 21 % n’ont jamais perçu de minimum social3 dans la décennie précédente, soit 59 % des entrants dans l’ASS fin 2024, alors que seuls 33 % des entrants dans le RSA et 39 % des entrants dans l’AAH sont dans ce cas4. C’est le signe que les allocataires de l’ASS ont en moyenne connu des difficultés économiques moindres par le passé que les bénéficiaires5 du RSA ou de l’AAH.
Les bénéficiaires de l’ASS sont par ailleurs ceux qui sortent le plus fréquemment des minima sociaux : parmi les bénéficiaires âgés de 16 à 58 ans6 fin 2023, 30 % ne perçoivent plus de minima sociaux fin 2024.


Des allers-retours dans les minima sociaux plus nombreux pour les bénéficiaires du RSA

Parmi les bénéficiaires du RSA, âgés de 35 à 64 ans fin 2024, 22 % ne percevaient pas de minima sociaux fin 2023. Une nette majorité des entrants dans le RSA ont cependant déjà connu des difficultés sociales par le passé : seuls 8 % n’ont jamais perçu de minimum social entre 2014 et 2023 (graphique). La plupart ont déjà connu de nombreuses années dans les minima sociaux. 27 % ont même perçu un minimum social chaque fin d’année entre 2014 et 2023. Leurs parcours dans les minima sociaux sont souvent heurtés : 42 % d’entre eux ont connu au moins une sortie et un retour dans les minima sociaux au cours de la période 2014-2024. Parmi l’ensemble des bénéficiaires du RSA de 16 à 58 ans fin 20237, 26 % ne perçoivent plus de minima sociaux fin 2024. Cela signale une instabilité pour une partie des bénéficiaires du RSA, qui peut témoigner d’une proximité avec le marché du travail supérieure à celle des personnes restées continûment dans les minima sociaux.
 

Note > L’ensemble des minima sociaux comprend ici le RSA, l’ASS et l’AAH.
Lecture > Parmi les bénéficiaires du RSA de 35 à 64 ans fin 2024, sur une période de dix ans, 8 % n’ont jamais perçu de minimum social en fin d’année avant fin 2024.
Champ > France, bénéficiaires du RSA âgés de 35 à 64 ans fin 2024.
Source > DREES, ENIACRAMS.

 

Un faible taux d’entrée et une très grande persistance dans les minima sociaux pour les allocataires de l’AAH

Les bénéficiaires de l’AAH ont un taux d’entrée dans les minima sociaux beaucoup plus faible que les bénéficiaires des autres prestations. Ainsi, 10 % des allocataires de 35-64 ans fin 2024 ne percevaient pas l’AAH l’année précédente, mais seulement 4 % n’avaient jamais perçu de minimum social entre 2014 et 2023, signe qu’une bonne partie des entrants dans l’AAH avaient déjà connu des difficultés sociales. La persistance dans les minima sociaux des allocataires de l’AAH est extrêmement forte : 55 % de ceux âgés de 35-64 ans fin 2024 ont perçu un minimum social chaque fin d’année depuis (au moins) fin 2014. 
Les bénéficiaires de l’AAH sont de loin ceux qui sortent le moins des minima sociaux : parmi les bénéficiaires âgés de 16 à 58 ans fin 2023, seuls 5 % ne perçoivent plus de minima sociaux fin 2024. Cette persistance résulte des difficultés d’insertion des adultes handicapés sur le marché du travail mais aussi de facteurs institutionnels : il est possible de cumuler revenus d’activité et AAH sans limite de temps et à des niveaux de revenus nettement plus élevés que dans le cas du RSA.
 

  • Ce jeu de données mobilise l’Échantillon national interrégimes d’allocataires de compléments de revenus d’activité et de minima sociaux (Eniacrams), un panel réalisé à partir de données administratives collectées auprès des organismes gestionnaires de ces minima.
  • La perception des minima sociaux est observée au 31 décembre. On ne considère donc pas les entrées et sorties qui peuvent avoir lieu en cours d’année.
  • Les minima sociaux considérés ici sont l’allocation aux adultes handicapés (AAH), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), le revenu de solidarité active (RSA), ainsi que le revenu minimum d’insertion (RMI) et l’allocation de parent isolé (API), qui ont été remplacés par le RSA.
  • Lorsque les analyses portent sur les dix dernières années, elles concernent uniquement les personnes de 35-64 ans, afin d’éviter d’inclure dans l’analyse des situations où les personnes auraient été absentes des minima sociaux uniquement parce qu’elles étaient trop jeunes pour y être éligibles (25 ans étant en règle générale l’âge d’ouverture des droits au RSA). Pour l’analyse des sorties, on considère les bénéficiaires ayant moins de 60 ans pour exclure le plus possible les sorties liées à un départ à la retraite.
     

 

Pour aller plus loin

  • 1

    Ce qui a conduit à une diminution de 25 % de la durée potentielle d’indemnisation par rapport à l’ancienne règlementation (dans la limite d’une durée plancher de six mois).

  • 2

    Le champ est ici limité aux 35-64 ans afin de s’assurer que les bénéficiaires suivis aient au moins 25 ans en 2014, soit en règle générale l’âge minimum pour être éligible à la perception du RSA.

  • 3

    Les minima sociaux considérés sont l’AAH, l’ASS et le RSA.

  • 4

    La perception des minima sociaux est observée au 31 décembre. On ne considère donc pas les entrées et sorties qui peuvent avoir lieu en cours d’année.

  • 5

    Les bénéficiaires sont les allocataires et, dans le cas du RSA uniquement, leur éventuel conjoint.

  • 6

    Le champ est ici limité aux 16-58 ans afin d’écarter de l’analyse (autant que possible) les possibilités de sorties par un départ à la retraite.

  • 7

    Pour l’analyse des sorties, on considère les bénéficiaires ayant moins de 60 ans en 2024 pour exclure les départs à la retraite.

Pour en savoir plus

Sources, outils & enquêtes