L’enquête européenne sur le revenu et les conditions de vie des ménages a pour vocation de permettre la production d’indicateurs comparables entre les pays de l’Union européenne sur la répartition des revenus, la pauvreté et l’exclusion. En France, cette enquête est administrée par l’Insee. 31 000 personnes ont été interrogées en France en 2022. Les données EU-SILC de l’Allemagne n’étant pas disponibles au niveau individuel, les données répliquées « EU SILC-like panel », basées sur le Socio-Economic Panel (SOEP) de l’Institut allemand pour la recherche économique (DIW) ont été utilisées à la place.
Un taux de pauvreté très variable en Europe
En 2021, 16,9 % de la population est pauvre dans l’UE-27, et 11,7 % est modeste. La part d’individus se trouvant sous le seuil de pauvreté varie de près de 15 points, de 8,6 % en Tchéquie à 23,4 % en Lettonie. Le taux de pauvreté est particulièrement élevé en Europe du Sud et dans certains pays d’Europe de l’Est : il dépasse 20 % en Espagne, en Italie, en Lettonie, en Roumanie, en Bulgarie et en Estonie. L’Europe de l’Est est très hétérogène : les taux de pauvreté de la Hongrie (12,6 %), de la Slovaquie (12,3 %), de la Slovénie (11,7 %) et de la Tchéquie (8,6 %) sont parmi les plus bas de l’UE-27. En Europe du Nord-Ouest, il oscille entre 10,8 % en Finlande et 18,0 % au Luxembourg. Avec 14,3 % de personnes pauvres, la France se situe dans une position intermédiaire et en dessous de la moyenne européenne.
Les personnes seules, les familles monoparentales ou nombreuses, les chômeurs, les jeunes et les immigrés sont les plus touchés par la pauvreté en Europe
À l’échelle européenne, certaines caractéristiques sociales ou démographiques sont très liées au risque d’être pauvre ou modeste, avec des effets variables d’un pays à l’autre. C’est le cas notamment de la composition du ménage auquel appartient l’individu. Au sein de l’UE-27, la part d’individus d’âge actif (25-64 ans) se situant sous le seuil de pauvreté est plus importante parmi les familles monoparentales (31 %) et les familles nombreuses (26 %) que chez les couples avec ou sans enfant (12 % et 10 % respectivement). Parmi les individus de 65 ans ou plus, les personnes seules sont plus souvent pauvres (28 % d’entre elles) que les couples sans enfant (11 %).
Le statut d’activité de l’individu est également déterminant. En 2021, parmi les individus d’âge actif en Europe, 47 % des chômeurs et 35 % des inactifs sont pauvres. Le taux de pauvreté des retraités de 65 ans ou plus est plus faible : 16 %. En comparaison, seuls 9 % des individus en emploi âgés de 25 à 64 ans sont pauvres dans l’UE-27. Cette part varie cependant entre pays : elle est plus élevée en Roumanie (15 %), au Luxembourg (13 %) et dans les pays du sud de l’Europe (12 % en Espagne et en Italie, 11 % au Portugal et en Grèce).
Enfin, le statut migratoire est fortement lié à la pauvreté : en moyenne en Europe, les immigrés originaires de pays hors de l’UE sont nettement plus fréquemment dans des situations précaires (44 % de pauvres et 19 % de modestes) que les citoyens nationaux et les autres ressortissants européens.
Les personnes pauvres et modestes ont des profils différents selon les pays
Dans un vaste ensemble comprenant la majorité des pays de l’Ouest (hors Luxembourg, Autriche et Irlande), les pays du Nord (Danemark, Suède et Finlande) et la Tchéquie, la pauvreté touche particulièrement les jeunes et les étudiants, ainsi que les familles monoparentales et nombreuses, tandis que les personnes modestes sont davantage des personnes âgées et retraitées.
Dans tous les pays du Sud, ainsi qu’en Pologne et en Roumanie, les personnes pauvres comme les modestes sont davantage des individus d’âge actif – en emploi, au chômage ou inactifs – et des couples avec enfants (carte).
