Les données exploitées dans cette étude sont issues de la quatrième édition de l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants (MDG), réalisée par la DREES fin 2021. Les résultats portent sur des familles ayant au moins un enfant âgé de moins de 6 ans en France métropolitaine. Cette enquête a bénéficié d’un suréchantillon de familles monoparentales pour décrire plus finement les solutions adoptées par les parents pour la prise en charge de leurs jeunes enfants.
Un quart des enfants de moins de 6 ans vivant en famille monoparentale n’ont aucun contact avec leur père
Fin 2021, 12 % des enfants de moins de 6 ans vivent dans une famille monoparentale (517 000 enfants). Pour ces enfants, la résidence alternée, c’est-à-dire vivre de manière équilibrée au domicile des deux parents, est peu répandue (13 %) et la résidence principale chez le père très rare (4 %). Le plus souvent, ils vivent majoritairement chez leur mère (83 %). Dans ce cas, la prise en charge de l’enfant par le père est très variable. Ainsi, 25 % des enfants de moins de 6 ans vivant en famille monoparentale – soit environ 130 000 – n’ont aucun contact avec leur père (graphique ci-dessous). Pour ces derniers, la séparation des parents est plus souvent précoce et la situation économique des familles, plus précaire. Par ailleurs, 13 % passent un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires chez leur père, ce qui correspond au droit de visite et d’hébergement (DVH) « classique ». Enfin, la plupart d'entre eux, 45 %, se trouvent dans une situation intermédiaire : certains sont hébergés chez leur père, mais moins souvent que dans le cadre d’un DVH classique ou sont simplement en contact avec lui.

Les enfants de familles monoparentales sont un peu plus souvent confiés à un proche
Afin de s’organiser au quotidien, les familles monoparentales font plus souvent que les couples appel à leur famille, au cercle amical ou au voisinage pour prendre le relais auprès de l’enfant. Ainsi, 35 % des jeunes enfants de familles monoparentales sont confiés à un proche au moins une fois dans la semaine, contre 27% des enfants des couples cohabitants (graphique ci-dessous).

Quand la mère est en emploi, le recours aux proches est plus fréquent et récurrent dans la semaine
Lorsque la mère seule est en emploi, le recours aux proches – quand il est possible – constitue un relais important dans leur organisation quotidienne. Bien qu’informel et peu visible, il s’agit d’une aide nécessaire à certaines mères pour rester en emploi. En particulier, lorsque la mère seule travaille à temps complet, 58 % des jeunes enfants sont confiés au moins une fois dans la semaine à un proche, contre 34 % des enfants dont les parents vivent en couple cohabitant et dont les deux parents travaillent à temps complet. Ce recours correspond, pour les familles monoparentales plus que pour les couples, à une organisation en relais plusieurs jours dans la semaine, même si, au total, les durées de prise en charge ne sont pas nettement plus longues. En effet, 26 % des jeunes enfants dont la mère seule est en emploi sont confiés à un proche au moins trois jours différents dans la semaine : c’est deux fois plus que les enfants des couples (12 %).
Les proches : un relais plus fréquent le matin et le soir en semaine pour les mères seules
Lorsque la mère est en emploi, le recours aux proches est plus fréquent en début ou en fin de journée, notamment pour la relayer dans les lieux d’accueil ou à l’école du lundi au vendredi. Ce passage plus fréquent de relais des mères seules aux proches est davantage marqué le matin entre 6h30 et 9h30 (+14 points par rapport aux couples) que le soir entre 16h30 et 19h30 (+10 points).
Les grands-parents en première ligne : en cas de résidence alternée, l’implication des grands-parents maternels et paternels est plus égalitaire
Pour les familles monoparentales comme pour les couples, ce sont les grands-parents qui sont en première ligne, respectivement dans 25 % et 23 % des cas (tableau ci-dessous). Lorsque l’enfant réside la majeure partie du temps chez sa mère, les grands-parents maternels sont beaucoup plus impliqués que les grands-parents paternels (20 %, contre 7 % de recours aux grands-parents paternels).
En cas de résidence alternée, en miroir d’une coparentalité plus égalitaire, s’observe une implication plus équilibrée entre les lignées. Deux fois plus impliqués que lorsque les parents sont en couple (10 %), les grands-parents paternels sont alors autant sollicités que les grands-parents maternels (19 %).

Amis, voisins ou autres membres de la famille : un recours rare mais plus fréquent dans les familles monoparentales
Dans les familles monoparentales, le recours aux autres membres de la famille (tantes, oncles, cousins, cousines…) est deux fois plus fréquent : 9 % pour les familles monoparentales, contre 4 % pour les parents en couple (tableau 2). La garde des jeunes enfants par leur(s) frère(s) et/ou sœur(s) est une situation minoritaire mais bien plus répandue dans les familles monoparentales : c’est à la fois le signe d’une plus grande autonomisation des aînés dans ces familles mais aussi potentiellement un indicateur de vulnérabilité de certaines mères qui ne peuvent faire autrement que de déléguer la garde des plus jeunes aux aînés. À rebours d’un imaginaire enchanté des solidarités sociales, le recours aux amis et aux voisins demeure marginal, même s’il est deux fois plus courant dans les familles monoparentales (4 %) que pour les parents en couple (2 %).