Soins primaires : vers une coopération entre médecins et infirmières - L’apport d’expériences européennes et canadiennes

Documents de travail (1998-2019)

N° 57

Paru le 01/03/2006

Yann BOURGUEIL, Anna MAREK, Julien MOUSQUÈS - Irdes

Résumé

L’activité, les rôles et la place des infirmières en soins primaires diffèrent selon les pays. L’évolution conjuguée de la demande de soins aussi bien en nature qu’en volume et la moindre disponibilité de la ressource humaine en santé dans un contexte de ressources contraintes contribuent à redéfinir le contenu, les contours des métiers ainsi que les organisations de travail. Nous présentons dans une première partie les résultats d’une étude internationale auprès de six pays européens en Ontario et au Québec, qui vise à décrire l’activité et les rôles des infirmières en soins primaires, les modalités d’évolution et les dynamiques qui les sous tendent. La deuxième partie du rapport présente de façon concrète les pratiques et les modalités d’organisation des infirmières et des médecins en soins primaires au Canada, en Suède, en Allemagne et au Royaume-Uni telles qu’illustrées par les intervenants lors de la journée du 16 juin 2005 consacrée à ce thème.

Les cadres d’exercice des infirmiers et médecins en soins primaires constituent un axe de distinction des rôles infirmiers dans les pays étudiés. Les infirmières ont un champ d’activité étendu là où les formes d’exercice en commun sont développées. Il s’agit généralement des pays où l’organisation du secteur ambulatoire fait l’objet d’une politique volontariste. Les nouveaux rôles infirmiers dans les pays étudiés se développent dans deux directions principales. La première porte sur la diversification et l’extension des activités comme l’éducation, la prévention et la coordination des soins dans un contexte de collaboration avec les médecins. Le deuxième axe de développement des rôles infirmiers porte d’une part sur les pratiques avancées des infirmières praticiennes et des infirmières cliniciennes en lien avec un niveau de compétence élevé et d’autre part sur la prescription infirmière en général limitée et encadrée par une formation ou une organisation adhoc.

Le plus ou moins grand développement des rôles infirmiers peut être expliqué par deux types de facteurs. Ceux qui sont propres au système de soins comme la régulation de la démographie médicale, l’organisation des soins primaires et le développement des soins au domicile et ceux qui sont en lien avec les caractéristiques institutionnelles de la profession infirmière comme les modalités juridiques et réglementaires, le niveau et l’autonomie de la recherche et de la formation en soins infirmiers ainsi que les modalités de représentation de la profession. Ce tour d’horizon permet de dégager quelques pistes de réflexion quant aux conditions du développement des rôles infirmiers en articulation avec les médecins dans le contexte français.