Sept téléconsultations de médecine générale sur dix concernent en 2021 des patients des grands pôles urbains

Études et résultats

N° 1249

Paru le 08/12/2022

Julie Kamionka et Maxime Bergeat (DREES)
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une nouvelle étude sur les téléconsultations réalisées en 2020 et 2021, à partir des données de santé complétées de données d’enquête auprès de médecins généralistes. Elle présente l’évolution du nombre de téléconsultations en médecine générale depuis son déploiement en 2018 jusqu’à la fin de l’année 2021 et décrit les caractéristiques des médecins et des patients qui y ont eu recours en 2020 et en 2021. Elle fournit en particulier un éclairage sur la dimension territoriale de cette pratique : localisation des médecins et patients la pratiquant, distance médecin-patient observée lors des téléconsultations.


En 2021, 9,4 millions de téléconsultations de médecine générale ont été réalisées chez un praticien libéral et 1,1 million dans les centres de santé
Avec la crise sanitaire, le recours à la téléconsultation s’est fortement développé en France, alors qu’il était marginal auparavant. Les médecins généralistes libéraux ont ainsi effectué 13,5 millions de consultations à distance en 2020 et 9,4 millions en 2021 contre 80 000 en 2019. Par ailleurs, de nombreuses téléconsultations ont aussi été réalisées par des médecins généralistes salariés de centres de santé : 600 000 en 2020 et 1,1 million en 2021, en majorité dans des centres effectuant l’essentiel de leur activité en téléconsultation.

Au-delà des périodes de confinement, le recours à la téléconsultation s’installe comme pratique pérenne mais relativement peu fréquente
L’usage des téléconsultations a été particulièrement important au cours des périodes de forte intensité épidémique et de confinement. Au-delà de celles-ci, les téléconsultations semblent s’être installées en tant que pratique pérenne des médecins généralistes libéraux, représentant 3,7 % de leur activité en 2021 (5,7 % en 2020). En définitive, elles sont devenues une composante non négligeable de l’activité médicale, tout en restant relativement rares. Elles sont en particulier redevenues moins nombreuses que les visites à domicile depuis la fin du premier confinement.

Médecins comme patients, les plus jeunes font davantage usage de la téléconsultation
La consultation à distance est plus fréquente chez les jeunes praticiens (4,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux de moins de 40 ans en 2021, contre 2,5 % de celle de leurs confrères de 65 ans ou plus). De même, les téléconsultations sont plus souvent effectuées avec de jeunes patients, ce quel que soit leur territoire de résidence. En 2021, 45,2 % des téléconsultations de médecins généralistes libéraux sont réalisées avec des patients de 15 à 44 ans, contre 28,7 % des consultations en cabinet.
Par ailleurs, ce dispositif n’est pas particulièrement utilisé par les personnes les plus précaires : les téléconsultations se font moins souvent avec un patient bénéficiaire de la complémentaire santé solidaire (CSS) que les consultations en cabinet, notamment parmi les jeunes.

Sept téléconsultations sur dix sont réalisées avec des patients résidant dans les grands pôles urbains
C’est pour les médecins installés dans les territoires les plus urbains, et notamment à Paris et dans sa banlieue, que la pratique de la téléconsultation s’est le plus fortement développée. En Île-de-France, 7,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux correspond à des consultations à distance en 2021 (12,0 % à Paris et 7,2 % dans les banlieues du pôle urbain de Paris), contre 2,2 % dans les territoires ruraux hors outre-mer.

Le constat est similaire du côté des patients : 69,4 % des téléconsultations sont réalisées pour des patients vivant dans les villes-centres ou les banlieues des grands pôles, où réside 56,9 % de la population. En comparaison, 17,9 % des consultations à distance s’adressent à des patients installés dans des territoires ruraux hors outre-mer, où réside 27,6 % de la population. Ces différences de recours aux téléconsultations ne s’expliquent pas par des différences de structure par âge entre les territoires.

Les téléconsultations ne sont pas particulièrement réalisées avec des patients résidant dans les zones les moins dotées en médecins généralistes : 23,3 % des téléconsultations sont faites avec les 20 % de la population les mieux dotés en médecins généralistes, tandis que 17,9 % sont réalisées avec les 20 % les moins bien dotés.

La plupart des téléconsultations sont effectuées à proximité du lieu de résidence du patient
Comme pour les consultations effectuées en cabinet, les téléconsultations sont le plus souvent réalisées entre un médecin et un patient peu éloignés. Ainsi, pour 58,6 % des consultations à distance, le médecin exerce dans la commune de résidence du patient ou à moins de 5 kilomètres (contre 62,7 % des consultations en cabinet). En outre, la consultation à distance a majoritairement lieu avec le médecin traitant du patient. C’est le cas de 69,1 % des téléconsultations réalisées en 2021 par des médecins généralistes libéraux (contre 67,2 % des consultations en cabinet).

Malgré un avis relativement sévère sur la téléconsultation (seuls 16 % se disent très ou tout à fait satisfaits, 38 % étant moyennement satisfaits), la moitié des médecins pensent continuer la téléconsultation après l’épidémie de Covid-19. Un praticien sur trois estime que la téléconsultation peut constituer une solution de prise en charge des patients résidant dans des zones à faible densité médicale.

 

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