Un recours plus faible chez les plus modestes
Le recours à l’endoscopie digestive est resté globalement stable depuis dix ans, hors période Covid-19. Cependant, les écarts de recours sont très importants selon le niveau de vie, en particulier pour les coloscopies programmées en ambulatoire, souvent réalisées dans un contexte de prévention ou de dépistage. Le taux de recours à la coloscopie est ainsi 1,6 plus élevé chez les 10 % les plus aisés de la population par rapport aux 10 % les plus modestes (256 personnes pour 10 000 habitants y ont eu recours chez les plus aisés contre 157 pour 10 000 chez les plus modestes, entre 2014 et 2021). Chez les 50-74 ans, principalement visés par le dépistage organisé du cancer colorectal, les plus aisés ont recours 2,3 fois plus souvent à une coloscopie ambulatoire.
Des modes de prise en charge différenciés selon le niveau de vie
Pour la réalisation d’endoscopies digestives, les patients les plus aisés sont dirigés plus souvent vers des établissements privés à but lucratif (73 %, contre 54 % pour les patients les plus modestes), et plus nombreux à bénéficier d’une prise en charge ambulatoire (88 %, contre 69 %). À l’inverse, les patients les plus modestes ont davantage recours à l’endoscopie dans un contexte de prise en charge en urgence, pouvant refléter des parcours de soins plus tardifs et moins anticipés.
Des taux de recours1 allant du simple au double selon les territoires
Les écarts territoriaux sont importants : de 169 endoscopies pour 10 000 habitants en Guyane à 409 pour 10 000 dans les Alpes-Maritimes. Ces disparités reflètent en partie l’hétérogénéité de l’offre de soins locale, notamment la densité de gastro-entérologues et, dans une moindre mesure, la disponibilité des équipements hospitaliers (comme le nombre de salles dédiées aux endoscopies).
Un allongement significatif des délais avant la réalisation de l’endoscopie
Les délais d’accès se sont progressivement dégradés au cours des dix dernières années. Entre 2014 et 2023, le délai médian entre la consultation de médecine générale et la consultation de gastro-entérologie, étape indispensable pour confirmer l’indication avant l’examen, augmente de 21 jours à 33 jours, soit 12 jours supplémentaires. Une fois l’indication établie, l’attente avant la réalisation de l'endoscopie augmente de 22 jours à 40 jours (+ 18 jours). Les disparités territoriales sont très marquées avec des délais allant de 21 jours à 76 jours en 2023 selon les départements.
Des délais nettement plus longs dans le secteur public
En 2023, le délai médian entre la consultation de gastro-entérologie et la réalisation de l’endoscopie atteint 55 jours dans le secteur public contre 37 jours dans le secteur privé lucratif. Cet écart, déjà présent en 2014, s’est accentué depuis la crise sanitaire. Les patients pris en charge dans le public ont ainsi vu leurs délais s’allonger de 25 jours sur la période 2014-2023, contre 17 jours pour ceux du privé lucratif.
Des délais d’accès plus courts pour les patients les plus modestes
Chez les 50-74 ans, les délais d’accès à la coloscopie varient selon le niveau de vie. Entre 2016 et 2021, le délai médian entre la consultation de médecine générale et celle de gastro-entérologie est plus court pour les personnes appartenant aux 10 % de ménages les plus modestes (21 jours) que pour celles appartenant aux 10 % les plus aisés (32 jours). Une fois la consultation spécialisée obtenue, cet écart se réduit mais persiste : le délai médian pour réaliser la coloscopie est de 30 jours pour les plus modestes, contre 36 jours pour les plus aisés. Ce résultat, apparemment en faveur des plus modestes, pourrait refléter une priorisation clinique en présence de symptômes plus avancés : ces patients accèdent plus souvent à l’endoscopie dans un contexte d’urgence avec de symptômes plus marqués ou plus tardifs. À l’inverse, les patients aisés bénéficient plus souvent de la coloscopie dans un cadre préventif (avec des symptômes bénins) ou anticipé, ce qui conduirait à des délais plus longs.
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Les taux de recours sont standardisés par âge et par sexe afin de neutraliser les différences de structure démographique entre les territoires. Ils correspondent ainsi aux taux que l’on observerait si chaque département avait la même répartition par âge et par sexe que l’ensemble de la population française. Cette méthode permet de comparer les territoires entre eux indépendamment de leurs différences démographiques.