Inégalités sociales de santé

Paru le 04/02/2021

La MiRe a conduit entre juin 2015 et juin 2016 un séminaire de réflexion et de discussion sur les inégalités sociales de santé (ISS), animé par le professeur Thierry Lang de l’université de Toulouse et président du groupe de travail du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) sur ce même thème. Ce séminaire a regroupé autour de cette question des chercheurs, des professionnels de santé, des acteurs associatifs, des élus, des représentants de différents ministères au niveau national et régional, des agences de santé et des collectivités locales.

 

Les deux premières séances du séminaire ont eu pour objectif de recueillir l’expression des besoins de connaissances et d’outils des décideurs et acteurs de terrain pour la définition de politiques et d’actions visant à réduire les inégalités sociales de santé. Les quatre suivantes ont regroupé des interventions de chercheurs de différentes disciplines, autour des thèmes suivants : les inégalités sociales et territoriales de santé, la construction des inégalités au cours de la vie, les concepts et méthodes en évaluation, les interventions pour réduire les inégalités sociales de santé.

Les contributions ont donné lieu à des actes.

Au terme de ce séminaire, les questions de recherche identifiées ont été intégrées dans l’appel à recherche général en santé de l’Institut de recherche en santé publique (IReSP). Un axe de l’appel à projet général 2017, volet Prévention, portait spécifiquement sur la mesure et les déterminants des inégalités sociales de santé et l’évaluation des politiques et des actions visant à les réduire. Un second volet, intitulé Services de Santé, avait un axe ayant trait spécifiquement au rôle du système de soins dans la fabrication, l’aggravation ou au contraire la réduction des inégalités sociales de santé.

Les projets sur les inégalités sociales de santé retenus dans le volet « services de santé » sont :

Mayère Anne, IFERISS, Centre d’Étude et de Recherche Travail Organisation Pouvoir

Interactions soignants-patients et reconfigurations des inégalités sociales de santé

Dans cette recherche, est posée l’hypothèse d’un travail relationnel renouvelé tant des patients que des soignants dans le contexte de développement de l’ambulatoire. Le soin est considéré comme le produit négocié d’interactions continues entre patients et soignants, et la notion de travail de santé est mobilisée pour identifier la part active du patient. Les objectifs sont    

a) spécifier les évolutions de ces interactions soignants – patients et la façon dont les configurations actuelles peuvent susciter de nouvelles fragilités sociales, ou au contraire, participer à la réduction des inégalités sociales de santé (ISS),

b) identifier les compétences nécessaires dans ces interactions pour ne pas fabriquer, aggraver et, si possible, réduire les ISS.

Chauliac Nicolas, EA Health Services and Performance Research, Université Lyon 1, CH le Vinatier

Analyse cartographique et socio-économique du non accès aux soins en santé mentale,

Cette étude vise à formuler des hypothèses concernant les facteurs de non-accès aux soins psychiatriques (incluant les ruptures de soins) à partir de l’étude des données rétrospectives des patients ayant été pris en charge par Psymobile entre avril 2012 et décembre 2017. Psymobile est une équipe de psychiatrie créée en 2012 qui se donne pour objectif de faciliter l’accès aux soins psychiatriques en se déplaçant à domicile et en agissant à la demande de proches ou d’intervenants sociaux. À terme, cette recherche pourra amener à modifier l’offre de soins afin de l’adapter aux besoins et de diminuer les inégalités d’accès aux soins.

Rigal Laurent, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Inserm, Equipe Sexualité et Soins.

Organisation des soins et inégalités sociales face au dépistage du cancer du col utérin: étude de l’offre de soins, du dépistage organisé, de la continuité de l’équipe soignante et du sexe du médecin traitant au sein de la cohorte

Plusieurs caractéristiques du système de soins sont connues pour être associées à une participation plus élevée au dépistage des cancers gynécologiques. Les taux de participation sont ainsi plus importants dans les territoires où l’offre de soins est plus élevée, en termes de densité médicale en généralistes et en gynécologues. Certaines études internationales (mais pas toutes) ont mis en évidence que les pays avec un dépistage organisé (DO) au niveau national n’avaient pas d’inégalités sociales face au dépistage, contrairement à ceux qui n’en n’ont pas. Une meilleure coordination des soins, et notamment une plus grande continuité dans le temps de l’équipe soignante autour d’une personne, sont associés à des soins de qualité supérieure et en particulier un dépistage par frottis plus fréquent. Enfin, les médecins femmes s’impliquent davantage dans la prévention, et en particulier dans le dépistage des cancers gynécologiques, que leurs confrères masculins. Nous faisons l’hypothèse que ces différentes caractéristiques, en plus d’augmenter la participation au dépistage des cancers, seront associées à des gradients sociaux moins importants. Les données qui seront analysées ont été recueillies lors de l’inclusion dans la cohorte Constances.

Ringa Virginie, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Inserm, Equipe Sexualité et Soins

Étude de l’évolution et des déterminants des inégalités sociales de santé dans le diabète à partir des enquêtes Entred

Les objectifs principaux de ce projet sont d’étudier les inégalités sociales de santé dans toutes le parcours de soins des personnes diabétiques : 1) l’évolution des inégalités sociales de 2001 à 2017 dans le recours aux soins des personnes diabétiques y compris l’éducation thérapeutique, et leurs liens avec l’état de santé, la mortalité, la qualité de vie, le coût des soins et le reste à charge, 2) les associations entre le niveau de littératie en santé et les services de santé utilisés par les personnes diabétiques et proposés par leur médecin soignant, ainsi que leur perception de ces services, 3) le rôle de la distance géographique par rapport aux structures de soins dans la construction des inégalités de santé observées, 4) les associations entre le niveau socio-économique et le recours aux nouvelles technologies (applications de santé, outils connectés, nouveaux dispositifs médicaux), 5) l’expérience des patients en matière d’accès aux savoirs et aux ressources du système de santé et au-delà, ainsi que leur vécu de la réponse apportée à leurs besoins par ces ressources. Ce projet repose sur le dispositif d’enquête Entred, édition 2017.

Les projets sur les inégalités sociales de santé retenus dans le volet « prévention » sont :

Kihal Wahida, Laboratoire Image ville environnement du CNRS et de l’Université de Strasbourg

Observatoire Santé Environnement Local : identifier, quantifier et réduire les inégalités sociales et environnementales de santé du nouveau né

Cette recherche s’intéresse à l’impact de l’environnement de vie (contexte social et expositions environnementales) sur le déroulement de la grossesse, la santé de la mère et du nouveau-né dans l’Eurométropole de Strasbourg. Elle vise à identifier les facteurs de l’environnement de vie, qui en s’accumulant, peuvent contribuer à la persistance, voire à l’aggravation, des inégalités de santé pendant la grossesse et dès le plus jeune âge.

 

Menvielle Gwenn, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et santé publique, Équipe de recherche en épidémiologie sociale

Inégalités sociales de santé dans un contexte urbain à l’heure de changements socioéconomiques majeurs : études des déterminants individuels et contextuels dans le

Le projet vise à organiser la 4ème vague de l’enquête Santé, Inégalités et Ruptures sociales (SIRS) dans le Grand Paris et à étudier les évolutions des inégalités de santé entre 2005 et 2018 sur ce territoire ? Seront également analysés les interactions entre la santé, les caractéristiques socio-économiques des individus et les caractéristiques des territoires où ils vivent, travaillent et ont des loisirs. L’impact de la crise économique de 2008 sera étudié et une focale sur les populations migrantes sera réalisée.

 

Plessz Marie, Inra, Centre Maurice Halbwachs, équipe de recherche sur les inégalités sociales

Chômage, alimentation et habitudes de vie dans Constances

Ce projet vise à mieux comprendre les chaines causales à l’œuvre dans les ISS. L’objectif principal du projet est d’évaluer si la perte d’emploi est associée à des changements d’habitude de vie (alimentation, activité physique, tabac, alcool, etc.) dans un sens défavorable, à partir de la cohorte Constances. Seront examinés le rôle du sexe, de la position sociale, de la durée et de l’indemnisation du chômage ainsi que des situations hybrides entre chômage et emploi comme modérateurs des effets de la perte d’emploi sur chaque habitude de vie. Le projet pourra aider à concevoir des interventions ciblées sur les comportements ou les sous populations les plus vulnérables aux effets du chômage.

Deux projets sont par ailleurs financés par la DARES :

Havet Nathalie, Laboratoire sciences actuarielles et financières, Université Lyon 1

Disparités d’exposition aux facteurs de pénibilité en milieu professionnel et inégalités sociales de santé

Legrand Emilie, UMR IDEES Le Havre

Conditions de travail et prévention dans les TPE : un creuset pour les inégalités sociales de santé?

 

Pour une présentation de l’appel à projet général de l’IReSP en 2017 et de l’ensemble des projets financés, voir sur le site de l’IReSP:

- Volet Prévention

- Volet Services de Santé

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