Stabilité et évolutions des opinions à l'égard de l'État-providence entre 2000 et 2002

Deux lignes de force principales opposent, d'une part, les personnes qui estiment la société plutôt juste ou plutôt injuste, et d'autre part, les personnes plutôt favorables à l'intervention de l'État à celles qui y sont plutôt réticentes. La même typologie en trois groupes demeure pertinente sur les trois années considérées. Elle distingue des intégrés universalistes, plutôt aisés, satisfaits du système et favorables à l'intervention de l'État, des personnes plutôt en marge, en situation souvent difficile, également favorables à une action de l'État mais davantage ciblée en leur faveur et enfin des intégrés sélectifs, assez satisfaits de leur situation économique mais critiques envers le système de redistribution et les prélèvements qu'il engendre. Un affinement de cette typologie conduit à distinguer, au sein des personnes plutôt en marge, un groupe particulièrement insatisfait et désireux de changements, et un autre plus optimiste et favorable à des aides publiques non sélectives. Les intégrés sélectifs peuvent aussi se distinguer selon qu'ils souhaitent purement et simplement la réduction du rôle de l'État ou qu'ils plaident pour une intervention plus efficace et sélective, assortie de contreparties.

Certaines opinions évoluent toutefois entre 2000 et 2002 : un optimisme relatif en matière socio-économique se fait jour, conduisant à la fois à une appréciation plus positive du système de protection sociale mais aussi à des désirs plus forts de changements. Une moindre inquiétude vis-à-vis du chômage se double d'une montée au premier plan des préoccupations relatives à la sécurité et à la délinquance. Ces évolutions, générales à l'ensemble de la population, apparaissent largement liées à un effet de période.